Arthemon Hatungimana fait indubitablement partie du panorama de l’athlétisme français. Il suffit de se rendre à l’INSEP, où il entraîne encore pour le comprendre : tout le monde le connaît et lui
donne le bonjour très cordialement. Nous l’avons rencontré à la cafétéria de l’Institut, au beau milieu du Bois de Vincennes, par une chaude matinée du mois de juillet afin d’essayer d’esquisser son trajet de vie sportive.
Arthemon Hatungimana, à l’INSEP vous êtes une star, tout le monde vous connaît !
(rires) Non, c’est que cela fait 30 ans que je suis ici : en novembre c’est mon anniversaire !
Comment êtes-vous arrivé du Burundi en France ?
En 1993, je prends la médaille de bronze aux championnats d’Afrique juniors en 1993 à Durban (Afrique du Sud). Les observateurs de la Confejes (La Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports de la Francophonie, ndr), qui repéraient des jeunes talents dans les pays de l’Afrique francophone, me proposent une bourse pour venir étudier et faire du sport en France. C’est grâce à cette bourse que j’ai
débarqué à l’INSEP la même année. J’ai bénéficié de cette bourse pendant 6 ans, car j’avais des bons résultats : si tu ne marchais pas
trop, au bout de deux ans on te l’enlevait. Grace à la bourse, à des aides de mon club (le PUC) et à quelques sponsors, j’ai vécu d’athlétisme. A l’INSEP, je suis resté en tant qu’athlète jusqu’en 2005.Puis j’ai entamé une transition avec les différents diplômes pour devenir entraîneur.
Avez-vous toujours été licencié au PUC ?
Oui, dès que je suis arrivé en France en 1993. Pour moi, le PUC c’est une deuxième maison. Aujourd’hui je suis le directeur sportif de l’athlétisme et entraîneur de demi-fond et fond.
Comment avez-vous démarré l’athlétisme ?
Vers 16 ans, dans mon village, en courant pieds nus. J’aimais beaucoup le football et je n’étais pas mauvais en attaque avec ma vitesse. Mais bon, à l’école on a fait des compétitions, j’avais des facilités quand il fallait courir vite. J’ai démarré avec le 100 et le 400, sans passer par le 200 : c’est atypique, non ? Le premier 100 de
ma vie, j’ai fait 12 »00 ; le premier 400, 1′ minute tout rond. Il n’y avait pas de club, on faisait des championnats scolaires en traçant les couloirs sur un terrain naturel avec de l’herbe coupée. Le deuxième 100 de ma vie, je fais 12 »05 et le deuxième 400, 55 » : je progressais assez vite.
En 1992, une année avant de vous installer en France, vous partez à Séoul faire les Championnats du Monde Juniors.
Oui, je me rappelle encore le voyage interminable : plus de 24 heures. J’avais participé aux championnats d’Afrique et je m’étais qualifié sur 400 mètres. A Séoul j’étais allé avec Venuste Niyongabo (champion olympique sur 5000 à Atlanta 1996, ndr) qui, lui, avait couru les 800 et les 1500 en gagnant le bronze sur cette dernière distance et en arrivant quatrième sur les 800. Quant à moi, j’avais été le premier des non qualifiés à la finale sur le tour de piste : 46 »76 n’était pas ridicule comme chrono, mais bon, pas de finale. J’étais
tellement énervé et déçu que j’ai dit à mon coach, Adolphe Rukenkanya : je vais passer sur 800. En effet je m’étais rendu compte que les adversaires avaient une autre carrure. Malgré mes cuisses qui étaient bien musclées grâce au football, je ne pouvais pas être compétitif. Je manquais de puissance, mais c’était normal, sans salle de musculation tu veux faire quoi ? Mon entraîneur pensait que c’était juste un coup de nerf, mais quand on est rentré au Burundi je lui ai dit que non : je voulais faire les 800 !
Découvrir le bulletin AEIFA avec le portrait d’Arthemon Hatungimana, directeur sportif du PUC Athlétisme, page 30 :