Florian Grill, Puciste et Président de la FFR
Comment es-tu arrivé dans le monde du rugby ?
J’avais essayé plusieurs sports sans vraiment trouver ma passion. À 11 ans, mon père nous a inscrits au PUC, mon frère et moi. Pour nous deux, cela a été une véritable révélation, un vrai flash, et c’est rapidement devenu une passion. C’est grâce à lui que mon histoire avec le PUC a commencé.
Peux-tu nous retracer ton parcours de joueur en quelques lignes ?
Mon parcours est assez simple : j’ai été joueur au PUC de l’école de rugby jusqu’en seniors.
Mon fait d’arme, c’est d’avoir été capitaine de l’équipe Reichel qui a été vice-championne de France. À mon arrivée en seniors, j’ai joué entre la première et la réserve.
J’ai dû rapidement arrêter, car je suis entré à HEC et je traversais toute l’Île-de-France plusieurs fois par semaine : je m’entraînais le lundi avec le PUC, le mardi avec HEC, le mercredi avec le PUC, match le jeudi avec HEC, entraînement le vendredi avec le PUC, et match le dimanche avec le PUC. Au bout de trois mois, j’ai explosé, d’autant plus qu’à cette époque, j’étais aussi président du Bureau des élèves d’HEC et que j’organisais les soirées étudiantes, qui, soit dit en passant, n’auraient pas déplu au PUC !
Aurais-tu une anecdote à nous raconter durant ta carrière de joueur ?
J’ai pas mal de souvenirs !
Une règle au PUC : quel que soit le jour de la semaine, on se disait toujours « À mardi ! ».
Je garde aussi en mémoire la finale du championnat de France Reichel, où, en tant que capitaine, je n’ai pas joué car j’avais les oraux d’HEC le lendemain. Mais le staff et l’équipe m’ont fait un beau geste en me réservant une place sur le banc, pour que je sois présent malgré tout.
Il y a aussi eu la tournée au Canada avec l’équipe première, à Montréal, Ottawa, Kingston et Toronto. C’est l’année où je suis passé de juniors à seniors, et il n’y a pas de meilleure façon de s’intégrer dans un groupe que de partir en tournée ensemble.
Enfin, il y a les fameuses 3ᵉ mi-temps du PUC… mais ça, je préfère en laisser un peu au mystère (rires).
Qu’as-tu fait une fois ta carrière de joueur terminée ?
Dans un premier temps, j’ai monté mon entreprise après avoir quitté HEC. Il s’agit d’une agence média, qui emploie aujourd’hui 250 personnes réparties entre Paris, Lyon et Lille.
Je suis revenu plus tard dans le rugby fédéral avec les anciens HEC qui jouaient en FFR.
Puis, lorsque mon fils a commencé le rugby à l’ACBB, j’ai été successivement dirigeant à l’École de Rugby (EDR), puis pour les cadets, juniors, président de club, président de la Ligue Île-de-France, et enfin, président de la FFR. Finalement, je suis un pur produit du rugby amateur.
Pourquoi t’es-tu engagé dans la vie politique du rugby ?
C’est un peu le hasard. Pierre Camou m’a demandé de lui donner un coup de main quand Bernard Laporte s’est présenté contre lui. Contre toute attente, et sans que je le demande, il m’a placé en 4ᵉ position sur sa liste, et j’ai ainsi fait mon premier mandat d’élu à la FFR, mais sans Pierre à la présidence. J’ai voté ce qui me semblait positif pour le rugby, tout en combattant ce qui ne me convenait pas.
Ma vision du rugby est qu’il n’est pas seulement un enjeu sportif, mais aussi éducatif et citoyen. Les clubs de rugby créent énormément de lien social, et tous les licenciés viennent de milieux et d’horizons différents. La vie de club permet aussi de prendre confiance en soi, de tisser des amitiés pour la vie… Je pense qu’on performe davantage lorsque l’on donne du sens à ce que l’on fait.
Il y a une phrase que j’aime bien dire : « Au rugby, on ne transforme pas que les essais, on transforme les personnes. »
Dans mon parcours, j’ai fait deux écoles : le PUC et HEC. La plus importante, c’est sûrement le PUC.
Comment s’est déroulée ta campagne avant les élections de la FFR ?
Nous avons fait une campagne de terrain. D’ailleurs, je n’ai pas attendu les élections pour être sur le terrain. Nous avons fait une campagne POUR et non CONTRE. Notre fil rouge était de faire le tour des clubs de France, en adoptant un principe de questions-réponses pour nous assurer que nous parlions des sujets qui intéressent vraiment les clubs, et non de livrer un discours convenu. Cela nécessite de bien connaître les dossiers.
Étant issu du rugby amateur, je sais ce que représente le rugby au quotidien, l’organisation des plateaux de l’EDR, les installations souvent insuffisantes, l’organisation du rugby territorial…
Avec mon équipe, nous avons construit un projet que nous avons peaufiné pendant 8 ans au contact des clubs, en étant en permanence à leur contact et par l’échange avec les volontaires bénévoles.
Quels sont tes axes de développement pour le rugby à travers ce nouveau mandat ?
Il y a cinq axes principaux :
- Il faut redresser les comptes de la FFR en trois ans, car il existe un vrai déficit structurel, sans oublier les pertes liées à la Coupe du Monde.
- La priorité est de relancer le rugby par la base, en augmentant le nombre de licenciés. Pour cela, il nous faut des installations dignes de ce nom, relancer le rugby dans le milieu scolaire, mieux mailler le territoire, fidéliser les licenciés, et développer la pratique féminine.
- Nous voulons aussi transformer la FFR en une Fédération à missions, en mettant l’accent sur le rôle éducatif et citoyen : rugby santé, rugby adapté, féminisation… Ce qui permettra d’aller chercher des financements via le mécénat pour les clubs.
- Il faut aussi augmenter l’influence de la FFR à l’international, et nous avons soutenu la candidature d’Abdelatif Benazzi à la présidence de World Rugby.
- Enfin, nous devons porter nos 14 équipes de France et l’arbitrage qu’il faut porter au plus haut niveau. Il est crucial de gagner un maximum de compétitions, comme l’Équipe de France à 7 lors des JO de Paris, et de continuer à former nos arbitres pour représenter la France à tous les niveaux.
Que représente le PUC pour toi ?
Un club formateur ! Et je pense que c’est le bon modèle : un club qui doit viser aussi haut que sa formation le permet. Le PUC pour moi c’est le club formateur par excellence.
Cela se voit à travers le nombre de joueurs qui sont passés par le club et qui évoluent aujourd’hui au niveau professionnel : en Top 14 ou même à l’international.
En plus, le PUC doit aussi assumer pleinement son rôle éducatif et citoyen, en plus de son rôle sportif.
Jérôme fait un travail remarquable depuis plusieurs années, sans dépenser l’argent qu’on n’a pas et sans faire la course à l’échalotte.
Suis-tu les actualités du club ?
Oui, par la Violettre et par Jérôme qui est un ami.
Je suis aussi les résultats sportifs du PUC et de l’ACBB.
Même si la présidence m’oblige à une certaine neutralité, j’ai quand même activé deux annonces de résultats sur mon téléphone (rires).
Quel message souhaiterais-tu passer aux joueurs et joueuses actuels ?
Leur dire de s’amuser et de ne pas rater un entraînement ou un match car quand on raccroche les crampons on regrette terriblement tous ces moments loupés.
On se rend compte de la chance que l’on avait de pratiquer ce sport.
Aurais-tu un petit mot pour finir ?
(Rires) … À mardi !