Manuel Herrero, ancien joueur senior
D’où viens-tu et quel âge as-tu ?
Je suis né et j’ai grandi à Toulon. J’habite depuis une dizaine d’année à Paris et j’ai 51 ans.
Que fais-tu dans la vie ?
Je suis producteur et réalisateur de films documentaires, essentiellement dans le domaine du sport.
Comment es-tu entré dans le monde du rugby ?
J’y suis entré dès le premier jour de ma vie, en arrivant dans une illustre famille de rugbyman. Mon père et mes oncles jouaient en première à Toulon, tous ont été internationaux, mon père est ensuite devenu un entraîneur emblématique du club. Le rugby a vraiment été un élément central de la vie de ma famille durant toute mon enfance et mon adolescence.
Quand es-tu arrivé au PUC ?
Je suis arrivé au PUC au début de saison 93-94.
Avant, je jouais dans les équipes jeunes de Toulon et en 93 on a été champion de France avec les espoirs du RCT.
J’avais fait une paire de matchs avec l’équipe première. Mais mon père est monté sur Paris pour tenter l’aventure du PUC, j’avais très envie de partager l’expérience avec lui et j’ai moi aussi signé au club.
Et puis je venais d’être admis à l’ESSEC, donc il fallait que je sois à Paris. C’était un gros changement pour toute la famille car on n’avait connu que Toulon. C’était aussi un sacré challenge pour mon père car le PUC évoluait à l’époque en groupe B, l’équivalent d’une petite seconde division.
Peux-tu nous résumer ton histoire avec le club en quelques lignes ?
Sur le plan sportif, je retiens nos bons résultats. On avait une super équipe, avec des joueurs de haut niveau qui ont fait plus tard les beaux jours de grands clubs.
On a aussi eu Massimo Giovanelli qui était capitaine de l’équipe d’Italie, Ewen Mc Kenzie, un pilier australien qui avait été champion du monde en 91. Avec mon père à la baguette ça jouait vraiment bien au rugby !
En 1995 après deux échecs, on a remporté le fameux match de la montée qui était le climax de la saison, pour finalement accéder au groupe A, la première division, l’ancêtre du Top 14, avec 32 clubs si mes souvenirs sont bons. On avait atteint nos objectifs.
Mais l’histoire était aussi et surtout humaine, avec des mecs vraiment formidables. On a beaucoup ri, un peu pleuré et des liens très forts se sont créés. Il y avait un esprit, un folklore et une âme propres au PUC. 30 ans plus tard, on se voit encore.
Quel est ton dernier souvenir en tant que joueur ?
La demi-finale du championnat de France qu’on perd de justesse contre l’US Romans.
La frustration de ne pas finir sur un titre où une finale était très grande pour moi à l’époque.
Sinon, la toute dernière fois que j’ai porté le maillot du PUC, c’était lors d’un gros tournoi de 7 organisé par Pierre Villepreux. J’étais capitaine et c’était pour moi une jolie façon de clore mon histoire avec le club. Je suis ensuite parti terminer mes études en Angleterre.
Aurais-tu une anecdote à nous raconter ?
Pour l’inauguration du Stade Charlety, le stade historique du PUC dont la rénovation avait pris plusieurs années, la fédération avait organisé un match entre les Barbarians et l’Afrique du Sud.
Et le PUC jouait le match de lever de rideau, ce qui était génial pour nous. Mon père tout acquis à l’histoire universitaire du club avait proposé d’inviter Oxford ou Cambridge. Le symbole était beau.
Mais nous avions finalement été opposés au bataillon de Joinville qui était l’équipe de France militaire. Ca ne racontait pas la même histoire… même s’ils avaient de super joueurs dont Emile Ntamack le père de Romain.
Dans les vestiaires, on a décidé de se peindre chacun sur les deux joues un gros A cerclé, symbole de l’anarchie. On est rentré sur le terrain comme ça, et à la fin du match on a fait un tour d’honneur à poil en montrant nos culs à tous les gradés et les officiels présents dans la tribune. On a fait la Une de Gala !!
As-tu des passions en dehors du rugby ?
J’ai toujours beaucoup aimé voyager. Découvrir le monde a longtemps été ma première passion.
Et aussi le cinéma, et plus largement l’audiovisuel dont j’ai fait mon métier. J’ai coprésenté pendant 10 ans une émission de voyages sur Canal+ ou je découvrais des pays et des cultures à travers le sport. J’ai toujours essayé de concilier passion et travail.
Si tu devais résumer le club en un seul mot ?
Le PUC c’est toujours pour moi une promesse. La promesse de passer une belle jeunesse et de vivre le rugby d’une façon singulière, avec de la camaraderie et l’obligation de ne jamais trop se prendre au sérieux.
Un petit mot pour finir ?
Le PUC a toujours été fait par des gens de passage. Il y a des violets partout dans le monde !
Malgré ce brassage et l’évolution du rugby, c’est un club qui a toujours réussi à garder une identité et un esprit très fort.
Je sais que les gens qui sont aujourd’hui aux platines du club œuvrent avec beaucoup de passion pour que le PUC obtienne de bons résultats, mais surtout qu’il continue d’occuper une place à part dans le paysage rugbystique français. Perso, je serai toujours puciste de cœur !